
Jacky et la chocolaterie
Par la rédaction, le
Jacques Bockel s’est relevé de l’épreuve du terrible incendie de sa chocolaterie, l’été 2014, comme il l’a toujours fait : en relançant un nouveau projet. Dans moins d’un an, en septembre 2016, il emménagera au Martelberg dans une immense chocolaterie d’un nouveau genre, combinant atelier, espace de vente et espérience d’immersion dans une plantation de cacao.
Petit, on l’appelait Jacky. Jacques Bockel, c’est tout à la fois Willy Wonka, pour le côté patron créati, et le jeune Charlie, pour l’émerveillement et la passion du chocolat, les deux personnages principaux du conte anglais Charlie et la chocolaterie. car oui, même à l’âge de 56 ans, Jacques Bockel cache toujours sous ses airs bourrus une flamme intacte pour le cacao fondant, alliée à un art indéniable du marketing…
Sa nouvelle chocolaterie sera le reflet de son histoire. Sur un terrain de 85 ares à côté des locaux de Fossil, le nouveau bâtiment actuellement en construction donnera à voir en façade son fameux oiseau de feu – encore la flamme, comme celle qui a détruit la chocolaterie historique au centre-ville de Saverne en juillet 2014.
Les visiteurs verront « tout ce qu’on ne peut pas leur montrer ici, comme la plantation de cacaco ou la récolte des cabosses ».
Dès l’entrée, le visiteur doit être plogé dans une « ambiance plantationde cacao » qui se prolonge dans le hall, où « les grands marcheront sur le lit de fèves de cacao, qui sera sous une vitre bien entendu ». Juste à côté, une salle virtuelle, conçu autour d’une projection qui pourrait être en 3D et visible « avec des lunettes », proposera en grandeur nature « quelque chosequ’ils ne peuvent pas voir ailleurs, et tout ce qu’on ne peut pas leur montrer ici, comme la plantation de cacao ou la récolte des cabosses ».
Derrière les grandes baies vitrées du show-room de 170 m², on pourra voir toutes les mains à l’ouvrage sur 1 000 m² d’atelier. Sauf aux heures de pause, où les 33 salariés pourront profiter d’un espace terrasse, d’une salle de détente et de sport avec vélo, rameur et baby-foot. « On leur demande beaucoup, en contrepartie on veut qu’ils soient bien », explique le chocolatier.
Car tous, patrons (Jacques Bockel, associé avec son fils Jérémy, Matthieu Domeneghetty et Véronique Schott) et salariés, ont donné un vrai coup de collier depuis un an et demi. Aujourd’hui la fatigue s’accumule et « laisse des traces », indique Matthieu Domeneghetty. Mais il fallait bien se relever de ce terrible incendie qui a détruit l’outil de production – « on était obligés d’avancer », martèle Jacques Bockel.
Surtout que maintenant, tout le monde commence à se sentir à l’ »troit dans les locaux de la Maison des entrepreneurs, loués depuis août 2014 à la communauté de communes de la région de Saverne. mais avant de songer à bâtir cette nouvelle chocolaterie, dotée d’une surface au sol de 1 844 m² comportant aussi un étage dédié aux bureaux et à un immense espace de stockage, il fallait trouver un terrain.
Un investissement de trois millions d’euros
Les négociations ont été serrées avec la comcom, propiétaire de la zone du Martelberg à Monswiller, à l’entrée de Saverne. Surtout que nos voisins étaient dans le portrait : « Quelques mois avant l’incendie, les Lorrains étaient venus pour nous proposer des terrains. Mais on reste quand même attachés à Saverne. » La ville où tout a commencé, avant que la société ouvre des points de vente au centre-ville de Strasbourg, à Metz, à Colmar puis récemment dans la galerie commerciale Auchan à Hautepierre, et encore ce week-end au marché couvert de Nancy.
Dans l’avenir, toute la production continuera donc à être faite ici, pour un investissement de trois millions d’euros. Un prjoet dans lequel les salariés ont « aussi été inclus », mais pas seulement eux. Pour faire le buzz, les associés ont décidé de faire voter les internautes sur les réseaux sociaux, en les invitant à départager trois propositions. « On hésitait entre les trois. Alors on a suivi le choix de nos clients. »
Après les travaux de terrassement en cours, le chantier se poursuivra jusqu’en mai 2016. Suivront le déménagement puis l’ouverture à la mi-août, le tout sans arrêt de production. Il n’y en avait pas eu non plus, ni de perte d’exploitation, l’an dernier, le retour rapide de la production (après un sinistre heureusement survenu en période estivale, plus creuse pour un chocolatier) ayant permis de limiter les dégâts.
Il faut dire que, même avant l’incendie, l’idée de bâtir une nouvelle chocolaterie avait déjà effleuré l’esprit de Jacques Bockel. « On avait commencé à réfléchir. On était un peu à l’étroit, et puis il y avait même des prolèmes de parking. » mais tout cice en était resté au stade de l’envie. « J’ai quand même 56 ans. Je commençais à récolter les fruits de mes 30 ans de boulot. » Son fils Jérémy se souvient de cette période, qui aujourd’hui paraît bien lointaine. « On était serein. »
« Quand il y a eu l’incendie, poursuit Jacques BOckel, je commençais à prendre du recul. Je trouvais que les jeunes prenaient bien les choses en main. C’était la première fois que je partais un mois en vacances. J’ai dû revenir au bout de dix jours. » « On a été heureux de l’avoir pour tout remettre en ordre rapidement », indique Jérémy. Un partage des tâches s’est alors naturellement mis en place : eux s’oocupaient du quotidien, à lui de gérer les grands changements. « Vous savez, quand vous avez fait pendant 20 ans du commerce de rue, vous avez des capacités d’adaptation ».
Le chocolat-carte postale
Et une fois que tout sera bien entré dans le moule, « on prévoit d’embaucher entre dix et 20 salariés supplémentaires d’ici deux ou trois ans ». Mais pas question en attendant de délaisser le volet création de chocolat. Après un fameux « retour de flamme » créé en mémoire des événements, la prochaine nouveauté prendra la forme d’une sorte de chocolat-carte postale : une tablette sur laquelle sera imprimée d’abord la cathédrale de Strasbourg et la Petite France, puis peut-être des « monuments de toute la France ». Et la château des Rohan alors ? « On peut l’envisager », indique le chocolatier. Mais d’abord il prépare pour l’inauguration une tablette représentant la façade de son nouveau bâtiment : « Ils pourront croquer la chocolaterie ». Encore une idée farfelue du petit Jacky.
L’ancien terrain occupé par la chocolaterie Bockel pourrait être racheté par la Ville, qui a déjà envisagé la possibilité d’y aménager un second city-stade après celui des Gravières.
Source : Les Dernières Nouvelles d’Alsace, Edition de Saverne >> 24 octobre 2015 >> par Emmanuel VIAU
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